Que demande la police en Tunisie ?


    Après le 14 janvier 2011, les forces de sécurité intérieure (police, garde nationale et protection civile) ne semblent pas bien saisir la chance historique qui leur est offerte pour se réconcilier avec le peuple tunisien.
On nous avance plein de raisons fallacieuses pour maintenir le bras de fer consistant en un chantage obscène : sécurité contre liberté. Certains osent même nous dire que le moral des agents était au plus bas pourtant l’intervention musclée tout au long de la première semaine de mai 2011 confirmait le contraire car on a vu des agents qui semblent  retrouver toute  leur splendeur d'antan avec tout ce qui va avec comme bavure.
Qu'ils soient touchés en leur orgueil à cause de leur soumission de principe aux ordres de l'armée en vertu des prérogatives de cette dernière en plein état d’urgence, cela ne nous regarde pas, nous citoyens maintenus dans le flou.

Qu'ils soient touchés à leur force morale à cause de ce qu'ils ont vécu le lendemain de la fuite de leur chef suprême, l'ex président déchu, cela ne nous regarde pas, nous citoyens qui n'avons jamais mis les mains sur un agent de l'Etat en uniforme.

Qu'ils soient touchés à leur efficacité à cause du non négociable changement de paradigme dans l'exécution de leur mission de maintien de l'ordre, cela ne nous regarde pas, nous citoyens qui n'avons jamais admis avoir une haine chronique et apriorique pour les agents de l'ordre sauf peut être les quelques millions de marginaux d’entre nous qui ne cessent de dénoncer  les quelques bavures et violations quotidiennes des droits de l'homme le long des 23 ans passés.
Les forces de sécurité intérieure n'ont pas manqué depuis le 15 janvier 2011 de récolter l'acquis révolutionnaire après l'autre, on peut citer quelques uns à titre d'exemple :
- une augmentation conséquente des salaires et des primes.
- la suppression intolérable de la haute inspection des forces de sécurité intérieure et des douanes (police des polices) qui était le seul organisme de contrôle et d'inspection qui soit sérieux et efficace malgré la précarité de ses moyens humains et techniques.
- la création d'une autre amicale pour les employés du ministère de l'intérieur.
- la création d'un syndicat des forces de sécurité intérieure qui n'a pas manqué, alors qu'il n'est pas encore parfaitement constitué légalement, d'user d'un ton fort et parfois arrogant envers toute voix qui se hasarde à critiquer le corps de la police pour ses actes présents et passés. Un syndicat qui s'annonce défendeur aveugle même de l'indéfendable.

Avons-nous manifesté un quelconque signe de jalousie face à ces "acquis" post révolutionnaires des forces de sécurité intérieure ? Non bien sûr, car cela nous regarde, nous les citoyens qui souhaitons voir leur police épanouie même si l'on ne peut accepter par principe la décision de suppression de la police des polices.

A qui doivent nos forces de sécurité intérieure ces acquis post révolutionnaires ? Je ne pense pas que la réponse se localise temporellement en dehors de la période séparant le 17 décembre 2010 et le 14 janvier 2011. C'est la révolution messieurs, c'est le sang des martyrs que vous avez côtoyés qui vous a permis d'oser demander ce que vous avez eu comme acquis. 
Je n'ai pas oublié les manifestations de notre police nationale durant le mois de février 2011 durant lesquelles les agents criaient de toute leur force : " innocents du sang des martyrs ". Je veux bien le croire moi aussi. 

Je sais ce que c'est le travail de la police, sous la pluie, dans le froid, sous le soleil brulant, sous les vents de sirocco, avec un salaire indécent, sous une hiérarchie pas toujours juste, sous une permanence de service de plus de 24 heures voire plus, debout, moyens précaires ........ Ce sont les aléas d'une des professions les plus pénibles à plusieurs titres.

Je sais aussi que vous comptez parmi vous un bon nombre d'agents et des cadres formidables, professionnels et courtois, j'en compte même certains parmi mes amis. 
Mais est ce que les agents et les têtes dures parmi vous comptent vraiment exercer leur fonction selon les mêmes rituels et procédés inhumains et illégaux de l'avant 14 janvier 2011 ? En tout cas, le ton des déclarations du syndicat des forces de sécurité intérieure  ne semble pas répondre par la négative. Il n’est pas inutile de rappeler que les chômeurs diplômés se comptent par centaines de milliers, alors si dorénavant le travail ne sera pas fait proprement, d’autres meilleures que vous le feront avec le sourire.
A vous de choisir la voie. Nous citoyens, nous n'avons plus peur de défendre nos droits, ceux parmi nous qui n'ont jamais eu peur continueront dans la même lignée bien entendu.

Le slogan DÉGAGE a permis d'éjecter le dictateur sous vos propres yeux et devant vos propres locaux, le même slogan produira le même effet si vous comptez maintenir les mêmes causes, à savoir : l'impunité, le maintien sur une position au dessus de la loi et le traitement indigne de la personne humaine.

Vous connaissez votre peuple, majoritairement tolérant, pacifique et bon vivant ... respectez le,  il vous rendra l’ascenseur du respect avec un joli remerciement (يرحم والديك) en plus.
Si jamais il vous arrive de lire ces lignes messieurs les agents, sachez que je m’adresse aux récalcitrants d’entre vous, les agents et les cadres honnêtes ont déjà toute mon estime.
Nous ne réclamons que notre imprescriptible et exigible dignité لأنّنا هرمنا .... .

PS : âmes sensibles de la majorité silencieuse … s’abstenir de lire ce post, c’est Hard.

4 Responses to Que demande la police en Tunisie ?

  1. youssef says:

    Je vous félicite pour le choix de l'image de ras angela elle splendide.
    Quant à la révolution la police et la politique je crois que les durs "ESS7A7" ne la lâcheront jamais le pouvoir en Tunisie. Au mieux on pourra parler plus librement chose qu'ils vont considérer comme des aboiements de chiens.

  2. merci au nom de la plage de ras enjla :-) sinon pour l'article, la pleine soumission de la police à la loi est une utopie certes, mais à l'image des vieilles démocraties nous aspirons à une police responsable qui en fonction de ses actes pourrait faire l'objet de compliments et de critiques.

  3. أنيس says:

    Personnellement je pense que pour sortir de cette impasse, il faut absolument créer une commission Vérité et Reconciliation.

    Il est possible de trouver un accord avec ce corps via la négociation car si rien ne bouge les choses vont recommencer à péter.
    Tôt ou tard un nettoyage devra être fait (si ce n'est pas avec ce gouvernement de façon pacifique) ce sera un autre gouvernement ou dans la rue de façon plus musclée.

  4. la mise jour de ce ministère est la clé de tous les maux de la Tunisie, qui en sera l'architecte ? je veux bien le savoir un jour.

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